Mercredi 23 janvier
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Le barrage, celui qui retient les eaux... Une image, je suis fasciné par les barrages et quand je me promène le long du mur, je ne manque pas de regarder de chaque côté.
Côté "lac", une eau calme, immense, d'une couleur attirante, qui me donne souvent envie de plonger pour faire quelques brasses... C'est presque rassurant.
Côté "gorge", cet à-pic vertigineux, qui m'aspire et m'effraie...Mais aussi quand je me penche et que je regarde tout en bas, cette envie quelque fois de sauter pour m'envoler comme les
martinets que je vois tourbilloner dans des ballets aériens, libres... Ce côté là évoque plus la vie et pourtant si je saute de ce côté là, je sais que je vais m'écraser...Et je
regarde alors la rivière au fond, je me dis qu'elle va jusqu'à la mer, une autre immensité d'eau. Plus grande, plus belle, pleine de vie, notre berceau et je rêve
d'une autre plénitude, celle d'être un dauphin, libre aussi et accompagné de ses congénéres. J'aime la mer, et j'aimerais y être.
Le vent souffle en haut des barrages, il nous fouette le visage, nous carresse, nous murmure qu'on est en vie. Il me balance d'un côté ou de l'autre. En haut du barrage, je sens que je suis à un
carrefour et que je dois choisir mon côté...
Une amie hier m'a dit que j'étais ce barrage. Ses mots me font encore réflèchir aujourd'hui. Ce n'est pas la première fois que je les entends. Ma meilleure amie me l'a dit aussi, je n'exprime
souvent rien de ce que je ressens et alors je laisse aux autres la possibilité d'interpreter à leur guise...Je les laisse dans le doute et certainement dans l'incapacité de m'aider quand ils le
souhaitent.
Auourd'hui, ce lac profond et turquoise où j'ai stocké les flots de mes souffrances, de mes peurs et de mes errances est probablement trop puissant pour ce mur que j'ai érigé entre les autres et
moi. Entre ce que je ressens et ce que je veux montrer.
Cette amie m'a dit, si le mur se fendille, les eaux risquent de se déverser et de tout emporter sur leur passage. Mais si celà arrive, ce n'est pas forcèment mal car là où il y avait un barrage
avant, il y aura le vrai toi en train de se (re)construire.
J'ai envie d'ouvrir les vannes, de laisser l'eau s'echapper de manière moins violente. Je sais quel est le côté que je dois privilègier. Mais j'ai peur... Je connais la tiedeur du lac, ses moindres
remous, sa vase au fond, c'est
mon lac. Cet endroit où je me sens en sécurité est aussi celui où je me noie queques fois, souvent même.
Je me rassure alors en me disant que ce n'est pas moi qui ais posé les première pierres du mur, mais la vérité, c'est que j'ai posé toutes les suivantes. Si aujourd'hui, je n'ose laisser les eaux
sortir, c'est qu'en plus de moi, je redoute qu'elles n'emportent les autres sur leur passage.
C'est le moment de vous dire que je me suis penché du côté du lac et que même si j'ai envie d'y retourner, pour me plonger une dernière fois dans ces eaux où je me baigne depuis si longtemps, j'ai
cette fois vu en plus de mon reflet, celui de votre main tendue.
Je suis secret, c'est vrai, trop. Pour garder l'image, il ya des moments où vous pensez que le courant m'entraine loin de vous. Mais ces silences arrivent souvent quand je me débats pour ne pas me
noyer. C'est mon fonctionnement et je m'en excuse. Ces jours là, je penserai à vous et tenterais de nager dans votre direction, pour un jour avec vous rejoindre la mer.
Il est arrivé ce jour où je dois le faire...