Dimanche 23 août 7 23 /08 /Août 18:55



Au pied du châtaigner séculaire, les yeux inondés par d’innombrables gouttes de pluie, il regarde le combat des nuages et du vent.




 Chacun des éléments se déchaine et donne au paysage des airs de fin du monde. Les éclairs zèbrent le ciel. Il se déchire, semble se recoller puis se déchire à nouveau. La voute céleste déverse ses larmes de colère, de rage en de trombes d’eau purificatrice. Chaque particule d’air, de roche, de végétaux ou de terre est inlassablement balayée.

Flash ! Un Dieu photographe fige le temps au son d’un grondement de tonnerre…Et il contemple alors les gouttes d’eau suspendues dans l’obscurité devenue alors translucide. Elles s’impriment en négatif, à perte de vue, sur l’étendue désolée qui pourtant révèle alors une fantomatique beauté.

Il discerne le moindre détail, ses sens galvanisés par l’odeur puissante de l’ozone.

Le monde se déplie de toute sa hauteur, et pose maintenant sur lui son regard de géant. L’homme se sent alors fourmi, bien vulnérable sous l’abri d’un châtaigner/brin d’herbe. L’arbre grandit à son tour sous la lumière blafarde. Ses branches écartées défient l’orage. Les feuilles se découpent comme autant de mains qui s’abreuvent d’une eau salvatrice.

« Grandis avec la tempête, sois humble et ais confiance… »

Une langue électrique vient lécher le talus à quelques mètres de lui. L’énergie s’éparpille, libre de se propager, d’explorer et de caresser le sol.

La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit se dit-il puis subitement il pense à Elle. Regarde-t-elle l’orage aussi ?

Il imagine son excitation enfantine et il voudrait pouvoir être prés d’elle pour la partager à nouveau.


  Il se lève alors et marche sous la pluie froide. En quelques secondes il est trempé mais il s’en moque. Non, il s’en délecte… Il laisse l’eau parcourir sa peau et s’infiltrer partout sous ses vêtements. Il suit son parcours aux frissons qu’elle provoque sur son passage. Il fusionne avec elle, s’ouvre à l’orage et prend alors corps dans la photo en négatif. Silhouette sombre dressée au milieu de la lumière, le visage tourné vers le ciel, éclatant de rire.

Il pense à elle…et marche alors droit sur le talus.

« La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit »

…et pourtant ce soir, il pense à elle, l’aime encore et il se dit que c’est tout à fait possible.

Il court maintenant, présence irréelle dans des éclaboussures de cristal. Il vibre maintenant, comme le tumulte assourdissant.

Il l’a rejoint, a pris sa main sans un mot et l’a entrainée dehors avec lui. Elle s’est laissée faire, puis a couru derrière lui, ses pieds semblant à peine toucher le sol, la pluie dans les yeux.

Un autre flash et le châtaigner leur fait signe, leur ouvrant ses bras.

La foudre ne tombe jamais au même endroit… et pourtant… sa bouche vient redécouvrir la sienne et leur cœur est tonnerre.

Elle le regarde avec une expression indéchiffrable puis sourit en enlevant délicatement une feuille collée sur son front

Elle se blottit tout contre lui. Leurs deux visages se tournent vers le ciel et ils s’écoutent respirer dans le mugissement de la nuit.

Au pied du châtaigner séculaire, les yeux inondés par d’innombrables gouttes de pluie, ils regardent le combat des nuages et du vent.

Par Inkan - Publié dans : Textes et nouvelles
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Retour à l'accueil

Présentation

Créer un Blog

Recherche

Calendrier

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés